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Cette semaine, nous étudions la paracha Pin’has (Bamidbar 25,10 – 30,1)
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Le zèle de Pin’has
Le début de la paracha décrit la récompense de D.ieu à Pin’has pour son zèle qui le poussa à punir l’insolence de Zimri : il avait fait entrer une païenne dans le camp des Israélites. Rachi, dans son commentaire, semble être troublé par une répétition, apparemment superflue, de la généalogie de Pin’has, laquelle déclare qu’il était fils d’Élazar, fils lui-même d’Aaron, le Grand-Prêtre. Cela a déjà été mentionné à peine quelques versets plus tôt ; et Rachi conclut que son but, dans notre paracha, n’est pas simplement de nous informer sur l’ascendance de Pin’has, mais de le défendre contre une critique que les Israélites dirigeaient contre lui, et selon laquelle il était le petit-fils de Yitro qui avait été, une fois, idolâtre ; et que, de ce fait, il avait hérité certaines des inclinations de son aïeul au paganisme. Les détails du compte rendu de Rachi soulèvent toutefois quelques difficultés que le Rabbi explore dans ce discours. Son thème central est le concept du zèle même. Le zèle religieux doit-il être encouragé ou critiqué ? Est-il le résultat de l’orgueil et de l’ostentation, ou une dévotion authentique ? Quelle devrait être notre réaction quand les motivations du comportement religieux du zélateur nous paraissent suspectes ? Le discours se termine par une confrontation de ces questions difficiles, mais d’une importance vitale.
1. Les plaintes des tribus
« Et l’Éternel parla à Moïse et dit : Pin’has, fils d’Élazar, fils d’Aaron le Grand-Prêtre, a détourné Ma fureur ». Rachi, commentant cette généalogie, dit : « Parce que les tribus avaient tenu sur lui des propos injurieux (en disant) : « Voyez-vous ce petit-fils de Pouti, le père de sa mère, qui engraissait les veaux destinés aux sacrifices idolâtres ! Il a osé tuer un prince d’une des tribus d’Israël ! » C’est pourquoi la Torah vient rattacher sa généalogie à Aaron ». Ces propos malveillants des Israélites étaient basés sur le fait que le père de Pin’has, Élazar, avait épousé une fille de Poutiel, identifié avec Yitro — le beau-père de Moïse —, qui avait été, en un certain temps, idolâtre.
Qu’y a-t-il dans cette mention de l’ascendance de Pin’has, qui ait suggéré à Rachi cette explication laborieuse ? La réponse est qu’il nous avait déjà été dit, quelques versets auparavant,1 qui étaient le père et grand-père de Pin’has. Et puisqu’il n’y a pas, dans la Torah, de répétition inutile, une raison doit exister qui explique celle-ci. Aussi Rachi est-il obligé de conclure que Pin’has fut critiqué sur son ascendance (il descendait de Yitro), et que la Torah souligne la distinction de son arbre généalogique (il descendait d’Aaron).
Néanmoins, il reste quelques aspects de l’explication de Rachi qu’il est nécessaire de comprendre.
Admettons, par exemple, que Pin’has ait été critiqué. Comment Rachi en déduit-il que l’ensemble des tribus souscrivait à cette plainte ? Il semble plutôt que ce fût seulement la tribu de Chimone, dont le prince, Zimri, avait été tué par Pin’has. En fait, les membres des autres tribus avaient été profondément émus par le geste de Zimri amenant à l’intérieur du camp une Midianite. Comme le dit Rachi2 : « ils fondirent en larmes » à ce moment. Et le zèle de Pin’has eut des conséquences heureuses qui leur profitèrent, car « la plaie s’arrêta parmi les Enfants d’Israël »3. Ils avaient donc toutes les raisons de le louer. Mais Rachi dit qu’ils le critiquèrent, au contraire. Pourquoi ? En second lieu, leurs critiques étaient basées sur le fait que Yitro fut son grand-père maternel. Or, selon le Midrach4 et Rachi lui-même,5 le paganisme de Yitro était tel qu’« il n’y avait pas une seule idole qu’il n’adorât ». Les tribus avaient donc cette accusation globale à leur portée. Pourquoi se sont-elles accrochées seulement au fait qu’il avait « engraissé des veaux » pour les sacrifices païens ?
En troisième lieu, le verset biblique rattache la lignée de Pin’has à « Élazar, fils d’Aaron, le Grand-Prêtre ». Mais Rachi dit seulement « la Torah vient rattacher sa généalogie à Aaron ». Pourquoi omet-il de mentionner le sacerdoce d’Élazar et d’Aaron qui était, à l’époque, Grand-Prêtre d’Israël ?
Enfin, tout le but des remarques défavorables des tribus sur l’ascendance de Pin’has n’est pas clair. L’objet de leur mépris était Pin’has lui-même qui avait tué Zimri pour avoir amené une païenne dans le camp. Or, ou bien elles ignoraient la loi qui dit que « celui qui a des rapports avec une païenne, les zélateurs peuvent l’attaquer », auquel cas elles auraient dû accuser Pin’has de meurtre. Ou bien elles pensaient que Pin’has n’entrait pas dans la catégorie des « zélateurs », et dans ce cas, elles auraient dû l’accuser d’avoir d’autres motifs à son acte. La seule possibilité est qu’elles savaient et la loi, et que Pin’has était un zélateur,6 et s’il en était ainsi, leurs plaintes seraient sans fondement. Ainsi, de toute manière, la référence à Yitro, son grand-père maternel, ne semble pas adaptée à la question.
2. Le motif des Israélites
On trouvera la réponse à ces difficultés si l’on se rend compte que les tribus en dénigrant Pin’has, cherchaient à défendre l’honneur d’Israël et de Moïse.
Zimri avait amené la Midianite dans le camp « sous les yeux de Moïse, et sous les yeux de toute l’assemblée des Enfants d’Israël ».7 Et de tous ces hommes, seul Pin’has eut le zèle de se lever et de venger la profanation de D.ieu. Certes, le reste des Israélites connaissaient la loi aussi bien que Pin’has, car elle avait été transmise au peuple entier8 réuni. Et nul doute que Moïse la connût, car Pin’has lui dit : « je l’ai reçue comme une tradition de toi. »9 La réponse solitaire de Pin’has avait jeté la honte sur Israël et sur Moïse.
C’est pourquoi les tribus tâchèrent de mettre en doute la pureté des motifs de Pin’has. Ils l’accusèrent d’une pointe de cruauté, héritée de son grand-père Yitro ; cruauté qui avait sa part dans le zèle de son acte. C’est la raison pour laquelle elles s’accrochèrent à la pratique de Yitro consistant à engraisser des veaux pour le sacrifice ; car c’est une cruauté suprême de paraître agir pour le bien de quelqu’un — en le nourrissant abondamment — alors qu’on le fait pour l’abattage final.10 La défense des Israélites était la suivante : « Pourquoi seul Pin’has se leva et se chargea de la vengeance ? Parce qu’il était animé aussi par la cruauté, et pas seulement par un sursaut de sa conscience. Quant à nous, nous n’avions pas cette cruauté ; c’est pourquoi nous avons hésité ».
C’est la raison pour laquelle Rachi inclut toutes les tribus dans le dénigrement dont Pin’has fut l’objet. Seule la tribu de Chimone avait à défendre l’honneur de Zimri ; mais toutes les tribus étaient intéressées à défendre l’honneur de Moïse et du peuple juif.
3. Le motif de Pin’has
Maintenant nous pouvons voir le point précis de la Torah où est répétée la généalogie de Pin’has, à savoir qu’il était le « fils d’Élazar, fils d’Aaron le prêtre ». Ce point tend à montrer que, dans son acte, Pin’has ne fut pas le « petit-fils de Yitro », mais seulement le « petit-fils d’Aaron ». En d’autres termes qu’il n’était pas du tout animé par la cruauté, mais seulement par un zèle religieux dévorant. Et Rachi souligne tacitement que dans cette phrase, les mots cruciaux sont « le fils d’Aaron ». La Torah ne met pas l’accent simplement sur le fait que Pin’has fut le fils d’Élazar, qui était le Grand-Prêtre en second, et devint Grand-Prêtre à la mort d’Aaron ; ni que Pin’has fut le petit-fils d’Aaron le prêtre. L’accent est mis plutôt sur le caractère d’Aaron mis à part sa fonction sacerdotale, à savoir qu’il « rechercha la paix et fit en sorte que l’amour s’établît entre parties adverses ».11 Là où la tension existait entre les Israélites et D.ieu, Pin’has chercha à lui substituer l’amour ; ainsi que le dit D.ieu : « Pin’has… a détourné Ma fureur des Enfants d’Israël. »12 C’était la nature profonde du zèle de Pin’has — un grand amour de la paix qu’il avait hérité d’Aaron, et un désir d’éliminer la cause de l’amertume existant entre D.ieu et Son peuple.
4. Motifs ultérieurs et intérieurs
Dans Rachi, nous trouvons plus qu’un simple commentaire littéral des versets de la Torah. Nous trouvons des vérités générales et profondes qui ont un rapport avec notre vie. De sa compréhension de cet épisode particulier de Pin’has, il ressort que lorsque nous voyons un homme engagé dans une action religieuse, il nous est interdit de le dénigrer, de le diminuer, même si nous croyons avoir des preuves irréfutables qu’il le fait pour un motif autre.
Même s’il se vérifie qu’il a d’autres mobiles, il y a une déclaration catégorique dans le Talmud13 selon laquelle « un homme doit toujours être absorbé par la Torah et les commandements, même si ce n’est pas pour eux-mêmes, car en agissant pour d’autres mobiles, il arrivera qu’au cours de son action, il agisse pour la Torah et les commandements eux-mêmes ». Le bon motif remplacera, en temps voulu, le mauvais.
En fait, le texte original hébraïque de cette déclaration dit, non « au cours de son action », mais « au milieu (mitokh) de son action ». Et l’implication profonde en est que le Juif puisse formuler des motifs autres à son obéissance à la volonté divine, il cherchera subconsciemment, dans les véritables profondeurs de son être, à rester fidèle à la Torah pour elle-même seulement.
De plus, l’obligation d’un Juif, quand il en voit un autre accomplissant une action juste pour une mauvaise raison, n’est pas de le dissuader de faire cet acte, mais de l’aider vers une intelligence véritable de son but et de l’orienter plus rapidement vers l’état où il accomplira la volonté de D.ieu pour la chose elle-même.
Il en est ainsi même quand il y a en réalité un motif autre. Mais en fait, il ne nous est jamais donné de connaître avec certitude les motifs d’autrui. Les tribus avaient de bonnes raisons de suspecter ceux de Pin’has ; mais l’Éternel qui « regarde au fond des cœurs »14 témoigna qu’elles se trompaient.
5. Modestie et fierté
Celui qui suit l’exemple des tribus peut tomber dans une erreur plus profonde ; celle de se leurrer soi-même. Car lorsqu’un homme empêche un autre de faire quelque chose qui, en soi, est bien, simplement parce que ses motivations sont suspectes. Celui-ci pourrait raisonner de la façon suivante : puisque je suis, par nature, modeste et effacé, je ne puis supporter l’orgueil. Aussi, quand je vois quelqu’un étudier la Torah avec une ferveur manifeste, ou accomplir les commandements en allant au-delà de ce que requiert la Torah, et que cela trahit l’ostentation, je ne puis passer cela sous silence ». En fait, il est dans l’erreur, et celui qu’il critique a raison. Les tribus critiquèrent Pin’has dans leur désir de justifier et Moïse et eux-mêmes ; mais c’est de Pin’has que D.ieu dit : « il a montré du zèle pour Ma jalousie ». Il pourrait y avoir, en effet, un élément d’orgueil justement dans cette démonstration de modestie.
La réaction sincère, à la vue d’un Juif qui étudie avec passion et observe très scrupuleusement les commandements, serait de se sentir stimulé soi-même vers une ardeur semblable.15 Si, au contraire, on formule des critiques, c’est presque comme si l’on ne pouvait souffrir la vue de quelqu’un plus vertueux que soi. Nos Sages disent : « Pèse tous les hommes dans la balance du mérite. »16 Quand une personne éprouve à l’égard d’une autre un sentiment qui ne concorde pas avec cette maxime, il faut en conclure que c’est un sentiment dont la source n’est pas dans la sainteté et la vérité.
6. La récompense du zélateur
L’épisode de Pin’has eut lieu alors qu’un fléau affligeait les Israélites. Et, bien que Pin’has ne fût pas, comme Moïse, un chef de sa génération, ni (pas encore) un prêtre, néanmoins son action eut pour effet de mettre fin au fléau, et la paix fut rétablie entre les Juifs et D.ieu : « Voici, je lui donne Mon pacte de paix. »
Ainsi, même en une période d’affliction spirituelle, quand nous voyons un Juif zélé dans son service divin, même s’il n’a aucune prétention à un poste de chef ou à une distinction quelconque, nous ne devons pas le dissuader ou le décourager. Car, comme Pin’has, il est porteur de la paix véritable entre D.ieu et Son peuple ; la paix qui est le contraire de la séparation et de l’exil. Il est l’annonciateur de l’Ère Messianique,17 qui fera que « les cœurs des pères se tourneront vers les enfants, et les cœurs des enfants vers les pères»,18 dans la paix finale et éternelle.
(Source : Likoutei Si’hot, Vol. VIII, p. 160-170)
NOTES
Nombres 25,7.
Nombres 25,6.
Nombres 25,8.
Tan’houma, Yitro 7.
Sur Exode 18,11.
Cf. le discours de cette série sur Balak.
Nombres 25,6.
Cf. Rachi sur Exode 34,32.
Rachi sur Nombres 25,7.
Cf. Rachi sur Nombres 11,22.
Rachi sur Nombres 20,29.
Nombres 25,11.
Pessa’him 50b ; cf. Hilkhot Talmud Torah (de l’Admour Hazakène) 4:3.
I Samuel 16,7.
Bava Batra 21a : “La jalousie entre les élèves accroît le savoir.”
Avot 1:6.
(Source : Chabad.org)
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Qu’est-ce qu’un véritable leader juif ?
Une fois, un ‘hassid attendait de voir son Rabbi, espérant que le Rabbi l’aiderait à sortir de son malaise spirituel.
D’un côté, il était très impatient de voir son Rabbi car il sentait que celui-ci lui apporterait l’inspiration nécessaire et le guiderait sur la manière de sortir de son inertie spirituelle. D’un autre côté, il hésitait. Il savait que le Rabbi pouvait lire dans son esprit et qu’il détecterait toutes les pensées indésirables qui lui venaient de temps en temps.
Il était en plein dilemme : devait-il rentrer chez son Rabbi ou non ? Puis il eut un éclair : D.ieu lit également ses pensées et il n’est pas gêné de se tenir devant D.ieu. S’il peut se tenir devant D.ieu, il peut se tenir devant son Rabbi.
Fort de cette conclusion, il se dirigea vers la porte du Rabbi. Alors qu’il s’approchait, le Rabbi sortit à sa rencontre et lui dit : « D.ieu est patient et moi non. »
Un Rabbi se voit décerner son leadership parce qu’il peut extraire les gens de la mentalité du « Je le ferai demain » qui les empêche d’embrasser activement leur mission divine.
Parachat Pin’has
La lecture de la Torah de cette semaine contient un passage qui révèle singulièrement la nature des qualités de leadership de Moïse. D.ieu dit à Moïse que le temps est venu pour lui de mourir. La réponse de Moïse n’est pas de demander quoi que ce soit pour lui-même ou pour ses enfants. À la place, il demande à D.ieu : « D.ieu, Seigneur des esprits, nomme un homme au-dessus de l’assemblée. » Au moment de vérité, il ne montre aucun souci de lui-même. Son attention se concentre uniquement sur le bien-être de son peuple.
Telle est la qualité fondamentale qui distingue un leader juif. En général, le leadership implique de s’identifier aux idéaux et aux principes qui transcendent le soi. Si tout ce qu’une personne vend est elle-même, les autres ne s’identifieront pas aussi facilement à elle ; car ils se soucient d’eux-mêmes. Pourquoi devraient-ils s’annuler devant quelqu’un d’autre ?
Oui, ils peuvent être contraints d’accepter l’autorité ou ils peuvent être achetés. Mais alors, l’autorité de la personne dépendra de la force du bâton ou de la saveur de la carotte. Les autres n’auront aucun lien profond avec lui.
Qu’est-ce qui inspirera une personne à accepter volontiers l’autorité d’une autre ? Un but que le leader comme le suiveur reconnaissent comme étant plus grand qu’eux-mêmes. Lorsque le leader épouse et s’identifie à un idéal qui donne à sa vie plus de sens, il pourra partager cet idéal avec les autres. Car chacun cherche quelque chose de plus dans la vie que le simple accomplissement de ses désirs personnels.
Un leader juif, un Moïse, se transcende encore davantage. Tout d’abord, il ne se préoccupe pas de ses propres objectifs personnels. De nombreux dirigeants, bien que préoccupés par un but qui les dépasse, recherchent néanmoins aussi leur propre gain. Ils gardent à l’esprit leur propre honneur, richesse ou intérêt personnel. Un Moïse ne cherche pas cela.
Mais surtout, le but avec lequel un leader ordinaire s’identifie est encore quelque peu lié à son propre soi, car en fin de compte, que cherche un leader ? À rendre le monde meilleur pour toutes les personnes qui y vivent. Bien qu’il se préoccupe des autres au-delà de lui-même, son but final est de savoir comment améliorer sa propre vie. Il a simplement la vision que sa propre vie ne peut être véritablement bonne tant que la vie des autres ne sera pas également améliorée.
Un Moïse, en revanche, s’intéresse au dessein de D.ieu, pas à celui de l’homme. Il veut faire du monde une demeure pour Lui, et pas seulement une demeure agréable pour l’humanité. Certes, lorsque la demeure de D.ieu sera achevée, elle sera également très confortable pour l’homme, mais ce n’est pas son but. Il est préoccupé par l’objectif de D.ieu, et l’identification à ce but le porte complètement au-delà de son moi personnel et fait de lui le paradigme ultime du leadership.
Regard sur l’horizon
Nos Sages identifient Pin’has avec le Prophète Élie, le héraut de la Rédemption. Ils expliquent que la fonction d’Élie sera plus que celle de porteur de nouvelles. Il contribuera également à inspirer l’état d’esprit d’amour et d’harmonie qui fera de la Rédemption une réalité. Ainsi, le prophète Malachie déclare qu’Élie « ramènera le cœur des pères vers les enfants et le cœur des enfants vers les pères ». Dans la même veine, Maïmonide écrit qu’Élie viendra « uniquement pour engendrer la paix ». Car répandre la paix et l’harmonie encouragera la venue de Machia’h, créant un cadre dans lequel il désirera entrer.
Cela nous sert également de leçon à tous. Travailler pour générer l’harmonie dans le microcosme dans lequel nous vivons servira de catalyseur pour l’harmonie ultime que Machia’h introduira dans le monde.
Extrait de “Keeping In Touch vol. II”
Basé sur les enseignements du Rabbi de Loubavitch
(Source : Chabad.org)
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Toucher l’essence
Le zèle de Pin’has
« Pin’has, le fils d’Elazar… a détourné ma colère des Enfants d’Israël en défendant avec zèle Ma cause parmi eux… C’est pourquoi… Je lui ai donné une alliance de paix. Lui et ses descendants possèderont une alliance éternelle de prêtrise, parce qu’il a agi avec zèle pour son D.ieu. »
Une question se pose : l’acte de Pin’has d’exécuter Zimri, décrit à la fin de la lecture de la Torah de la semaine dernière,2 nécessita courage et sacrifice de soi. Ce fut certainement un acte digne de louanges et de rétribution. Néanmoins, il est curieux que Pin’has reçût « une alliance de prêtrise éternelle » en récompense. La prêtrise, en effet, ne peut pas être acquise à travers des actions humaines ; elle ne dépend nullement de quelques réalisations spirituelles que ce soit.
Comme l’énonce Rachi,3 de même que l’on ne peut changer le matin en soir, on ne peut altérer la définition de la prêtrise. Dans la mesure où Pin’has n’était pas auparavant un prêtre (un cohen), comment sa conduite, aussi vertueuse fût-elle, put-elle lui valoir cette distinction ?
Un service sans limites suscite une réponse sans limites
La résolution de cette problématique s’appuie sur la compréhension de la qualité pour laquelle la Torah loue Pin’has : le zèle. Pourquoi la Torah décrit-elle Pin’has par cette notion ? Tout d’abord, il risqua sa vie. Bien que Zimri fût soutenu par sa l’ensemble de sa tribu, dont les membres auraient pu aisément tuer Pin’has,4 ce dernier ne prit pas en considération le danger qu’il courait. Ce qui le préoccupait était le danger spirituel qui menaçait le peuple juif et il était prêt à risquer sa vie pour éliminer cette menace.
Il y a aussi une dimension plus profonde à l’engagement de Pin’has. Nos Sages relatent5 que lorsqu’un homme juif cohabite avec une femme non-juive, « les zélés ont [le droit6 de] l’attaquer ». Cependant, « bien que ce soit la loi, son application n’est pas ordonnée ». Cela signifie que si un homme demandait à un tribunal juif s’il doit tuer un homme commettant un tel acte, les juges ne doivent pas lui dire de le faire.
Ainsi, non seulement Pin’has risqua-t-il sa vie, mais il le fit alors qu’il n’en avait pas l’obligation. S’il avait laissé les choses passer, personne ne lui en aurait fait reproche. Au contraire, il lui fallut prendre l’initiative et s’attirer ainsi des critiques. Nos Sages enseignent7 qu’il agit à l’encontre des désirs des Sages et que, si D.ieu ne l’avait pas félicité, les juges auraient prononcé l’ostracisme contre lui.8
Qu’est-ce donc qui motiva Pin’has ? Il voulut « détourner la colère [de D.ieu] de sur les Enfants d’Israël ». Il avait compris ce qui devait être fait dans ce but et fut prêt à prendre tous les risques nécessaires.
C’est là le véritable zèle : mettre son propre bien-être, à la fois spirituel9 et matériel, de côté et s’engager de façon illimitée dans l’accomplissement de la volonté de D.ieu. Quand une personne s’engage de la sorte, l’étincelle divine que possède chacun d’entre nous trouve son expression.
Réciproquement, une telle approche suscite une réponse illimitée de la part de D.ieu. Car lorsqu’une personne dépasse ses limites naturelles dans son service divin, D.ieu lui accorde une récompense qui n’est pas limitée par la nature. C’est pour cette raison que Pin’has put recevoir le statut de cohen.
Tempérer le zèle avec de l’amour
Nos Sages identifient Pin’has au prophète Eliahou.10 Le service divin d’Eliahou se caractérisait également par le zèle, comme il est écrit11 : « J’ai été très zélé pour l’amour de D.ieu, le Seigneur des Armées. » Cependant, par cette déclaration, Eliahou opposait sa propre conduite à celle du peuple juif en général, qu’il critiquait pour avoir « abandonné l’alliance [de D.ieu] ».
D.ieu refusa d’accepter cette critique. Il nomma Eliahou « ange de l’alliance »12 et le chargea d’assister à chaque circoncision juive à venir, de sorte qu’il puisse attester de leur fidélité à l’alliance avec D.ieu.13
D.ieu enseigna à Eliahou que son zèle devait être modéré par l’Ahavat Israël, l’amour pour chacun des membres de notre peuple, et qu’il devait s’appliquer à trouver les qualités du peuple. Ces traits devinrent une partie intégrante de la mission personnelle d’Eliahou au point où lorsque le prophète Malakhi décrit le retour d’Eliahou pour annoncer la venue de la Rédemption, il déclare14 qu’Eliahou « tournera le cœur des pères vers les enfants et le cœur des enfants vers leurs pères ». Et, en décrivant la mission d’Eliahou, le Rambam écrit15 qu’« il viendra uniquement pour établir la paix ». Pour mettre d’emblée l’accent sur cette direction, D.ieu dit à Pin’has qu’en récompense de son zèle, il lui était donné « une alliance de paix ».
Prendre l’initiative
Ces deux dynamiques, le zèle et la paix, sont d’importance fondamentale à notre époque. Beaucoup de membres de notre peuple mènent une vie déconnectée de leurs racines juives, alors que l’avenir de notre peuple dépend justement d’un engagement zélé dans la perpétuation de notre héritage. Car c’est la conviction intime émanant de l’étincelle divine que nous possédons tous qui fait impression sur autrui. Les arguments intellectuels ne peuvent pénétrer le cœur. Un cœur s’ouvre à un cœur. C’est donc un engagement zélé, pénétré de chaleur et d’amour du prochain, qui motivera nos semblables à découvrir en eux-mêmes leur propre étincelle juive.16
Il existe encore une dimension au zèle de Pin’has. Il n’était pas le dirigeant du peuple juif. Moïse, Éléazar et les Anciens occupaient des positions hiérarchiques supérieures. Et pourtant, quand le besoin s’en fit sentir, Pin’has n’attendit pas les ordres des chefs, mais prit l’initiative.
La même chose s’applique à chacun aujourd’hui, car chacun d’entre nous à une contribution unique à faire. Avec la confiance qui émane de la vérité de notre intime conviction, nous devons tous prendre l’initiative de diffuser le bien et la paix.
Ces efforts hâteront la venue d’une ère où Eliahou identifié à Pin’has reviendra. Et alors « la voix du héraut annoncera de bonnes nouvelles »,17 la venue de Machia’h et la Rédemption de notre peuple et de toute l’humanité.
Adapté de
Likoutei Si’hot, vol. II, p. 344, 609 ;
Vol. IV, p. 1070 ; Vol. XVIII, p. 318.
Nombres 25,11-13.
Nombres 25,1-9.
Dans son commentaire sur Nombres 16,5.
De fait, nos Sages (Sanhédrine 82b) relatent que c’est seulement parce que six miracles survinrent à ce moment qu’ils ne le tuèrent pas.
Sanhédrine 82a.
C’est-à-dire qu’il n’est pas obligé de prendre cette initiative, il est simplement autorisé à le faire. Par conséquent, le Choul’hane Aroukh ne mentionne pas une obligation pour une personne zélée de frapper un homme qui s’engage dans des relations intimes avec une gentille, il se contente de dire (Even HaEzer 16:2) que l’on a un tel droit.
Talmud de Jérusalem, Sanhédrine 9:7.
Sanhédrine 82a.
Dans cet esprit, nous trouvons de nombreuses histoires de tsadikim qui furent prêts à sacrifier leur part dans le Monde Futur au profit d’un autre Juif.
Targoum Yonathan, Exode 6,18 ; Yalkout Chimoni, vol. I, sec. 671 ; Zohar II, p. 190b.
Rois I 19,10.
Malachie 3,1 ; Pirkei deR. Eliézer fin du ch. 29.
Yalkout Chimoni, vol. I, sec. 71.
Malachie 3,24.
Michné Torah, Hilkhot Melachim 12:2.
Métaphoriquement parlant, un parallèle peut être établi à l’histoire de Pin’has. L’assimilation considérable qui caractérise notre époque peut être comparée au fléau qui tua des milliers de Juifs. Le zèle de Pin’has, qui stoppa le fléau, peut être considéré comme l’analogie du dévouement sincère à notre héritage juif qui changera cette tendance.
Cf. Sidour Tehilat HaChem, Hochaanot.
(Source : Chabad.org)
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La vie dans le quotidien
Par delà la nature
Nos Sages vont jusqu’à dire : « celui qui récite le Halel chaque jour commet un blasphème ». Le Halel est une prière de louanges et de remerciements à D.ieu pour les miracles qu’Il a accomplis pour nous et que l’on récite lors des fêtes ou d’autres jours spécifiques. Mais il ne nous est pas enjoint de remercier D.ieu « pour les miracles que Tu accomplis pour nous chaque jour ». Pourquoi donc réserver le Halel pour les jours qui commémorent la sortie d’Egypte ou le miracle de l’huile qui brûla huit jours ? Chacun de nos battements de cœur n’est-il pas un miracle et tout aussi digne de reconnaissance et de gratitude ?
Mais réciter le Halel tous les jours serait comparable à ne pas le réciter du tout. Il est sûr que notre vie « routinière » doit être imprégnée d’une prise de conscience et d’un sentiment de gratitude à l’égard de notre Créateur; c’est à cette fin que le Juif prie trois fois par jour, le matin, l’après midi et le soir. L’intérêt particulier du Halel est que, outre qu’il constitue un ajout à nos prières quotidiennes, il nous permet d’exprimer lors de certaines occasions une appréciation « spéciale » des miracles divins, une spécificité qui perdrait inévitablement sa force si la récitation du Halel devenait une routine purement quotidienne.
Au-dessus de la nature
C’est de cette manière, entre autres, que la Torah nous recommande d’utiliser nos spécificités et nos inclinations innées dans la quête d’une vie plus sainte et plus divine. Mais la Torah demande plus encore. D.ieu désire de nous plus que l’exploitation optimale de la nature humaine, Il veut que nous transcendions également notre moi naturel dans notre relation avec Lui.
La Torah nous pourvoit en « routines » (comme les prières quotidiennes) qui ont pour but de faire de notre relation avec Lui une partie intégrante de notre vie quotidienne, tout comme en « moments spécifiques » pour souligner leur importance et leur particularité. Et même temps, néanmoins, elle nous pousse à dépasser ces catégorisations, à donner un sens unique et particulier aux rythmes « réguliers » de la vie.
Cela se reflète dans la manière dont la Torah introduit les lois des Korbanot quotidiens (offrandes animales et de repas) apportés au Saint Temple. Les Korbanot tombent dans deux catégories générales : les offrandes régulières (Temidim) apportées chaque jour et les offrandes additionnelles (Moussafim) qui variaient en fonction des circonstances, reflétant la nature et la caractéristique des moments où elles étaient apportées.
En règle générale, la Torah utilise le mot Moed (« temps approprié ») pour se référer à ces jours spéciaux du calendrier, imprégnés par le Créateur du temps de ressources et de potentiels spirituels uniques (la tranquillité du Chabbat, la liberté de Pessa’h, la joie de Soukot, etc.) Néanmoins, en introduisant les lois de ces sacrifices quotidiens, la Torah statue : « Mon Korban, Mon offrande de feu, Mon doux parfum, tu observeras pour Me l’offrir au moment propice ». Rachi dans son commentaire note à propos de ce verset l’utilisation inhabituelle du terme Moed et remarque : « le moment propice des offrandes perpétuelles est chaque jour ».
Les Korbanot qui représentent les efforts de l’homme pour raffiner et élever son moi naturel et le rapprocher de D.ieu constituent l’un des « trois piliers de la création » (aujourd’hui, le Temple n’étant pas encore reconstruit, la prière remplit le rôle des Korbanot). Dans ce contexte, la Torah fait allusion à la nécessité de dépasser les habitudes et les instincts du moi naturel dans notre relation avec D.ieu. Notre nature dicte que ces « occasions » dans notre vie soient touchées d’une vitalité et d’un enthousiasme spéciaux et que nous exploitions ces forces dans ces occasions spécifiques de notre relation avec le Tout Puissant. Mais nous devons également nous atteler à faire de « chaque jour un moment propice », à éveiller en nous l’admiration et le sentiment d’unicité devant chacun des aspects routiniers de notre vie quotidienne.
En fait, les concepts même de « monotonie » et d’« ordinaire » sont une illusion résultant de notre inaptitude à voir au-delà des limites de la nature humaine. En réalité, la diversité ne consiste pas en voir la différence entre une chose et une autre mais la qualité inhérente de la chose elle-même. En fait, chaque moment de la vie est une création distincte de D.ieu, renfermant un potentiel unique, spécial et indispensable qui ne peut être supplanté par rien d’autre.
(Source : Chabad.org)
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PARATCHIOTTE