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Cette semaine nous étudions Vayekhel – Pékoudé (Chemot 35,1 – 38,20 et 38,21 – 40,38

Prêtez l’oreille
Soyez orfèvre en éducation

La paracha de Vayakhel décrit la réponse enthousiaste du peuple juif à l’appel à contribuer des matériaux pour construire un sanctuaire pour D.ieu. Ils apportèrent avec empressement leur or, leur argent, leur cuivre et d’autres matériaux précieux pour servir ce dessein sacré. Leur enthousiasme fut si grand que leurs contributions dépassèrent la quantité prescrite, à tel point que Moïse dut supplier le peuple de cesser de donner.
Le Tabernacle constitue le prototype du sanctuaire que chaque famille édifie dans son propre foyer. Ainsi, tout comme le Tabernacle servait de résidence pour D.ieu, notre maison devient pour Lui une demeure, lorsqu’elle est imprégnée d’amour, de dévouement et d’altruisme. Le peuple juif dans le désert posa les marques de la manière dont nous devrions établir nos foyers pour qu’ils soient des sanctuaires du divin.
Bien que les hommes, les femmes et les enfants contribuèrent tous à cette offrande de matières premières, les femmes se distinguèrent par un empressement et un zèle particuliers. Non seulement offrirent-elles leurs joyaux et leurs biens les plus précieux, mais elles y investirent également leur temps, leurs talents et de grands efforts.
Tout comme à l’époque du désert, les femmes juives à travers l’histoire ont toujours tenu le premier rang dans la tâche sacrée de faire de chaque foyer juif un sanctuaire pour D.ieu. Certes, les deux parents s’attellent ensemble à cet immense projet, mais ce sont les femmes qui posent les marques du foyer grâce aux aptitudes divines inhérentes à la nature féminine. Ainsi offrent-elles avec empressement les « joyaux » de leur personnalité – leur vision, leurs talents et leur créativité – pour appréhender les besoins de leurs enfants et de leur famille et y répondre.
La Torah relate que quatre types de bijoux furent offerts pour le Tabernacle : des boucles d’oreilles, des anneaux de nez, des bagues et des bracelets. Le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneerson développa, dans un discours adressé aux femmes juives, le sens symbolique de chacun de ces ornements :
Les boucles d’oreilles : prêtez l’oreille
Écoutez lorsque vos enfants parlent. Faites-leur savoir que vous êtes vraiment là pour eux. Tendez l’oreille, également, lorsqu’ils parlent entre eux. Leurs paroles reflètent ce qu’ils retiennent des gens qui les entourent. Veillez aussi à être réceptive aux conseils et aux directives pédagogiques, lorsqu’ils sont bons et fondés. Plus vous accepterez de conseils d’autrui, plus vos enfants seront prêts à en accepter de vous.
Les anneaux de nez : utilisez votre flair
Soyez attentive aux moindres signes de souffrance ou de révolte chez votre enfant. Sachez avec qui vos enfants passent leur temps, et ce qu’ils font ensemble. De bons amis et des activités productives façonneront chez eux une personnalité saine.
Les bagues : montrez du doigt
L’observation à elle seule (à travers les « oreilles » et le « nez ») ne suffit pas à élever un enfant sain et serein. Sachez rendre les choses claires pour votre enfant et les désignant du doigt, pour lui apporter guidance et direction. Montrez aux enfants que vos conseils se fondent sur un réel souci de leur bien-être, et que vous êtes consciente de leurs problèmes et de leurs besoins. Ne donnez pas simplement des ordres ; vos enfants seront beaucoup plus réceptifs à vos paroles si vous leur expliquez les choses à leur niveau.
Les bracelets : la méthode forte ?
Le bracelet symbolise le courage et la force nécessaires pour élever les enfants. Un parent doit prendre les devants. N’attendez pas que votre enfant se soit mal conduit pour vous impliquer. Un parent doit s’efforcer d’avoir un tour d’avance, d’anticiper les problèmes et de bien connaître le caractère de l’enfant. Il y a aussi la discipline personnelle du parent. Avant de discipliner votre enfant, disciplinez-vous vous-même. Les enfants réagissent à l’exemple que les adultes autour d’eux leur montrent. Investissez dans l’éducation autant d’énergie que possible ; cela produira des enfants pleins de caractère et de vitalité, qui croqueront avec plaisir dans une vie pleine de sens.
Rappelez-vous, par-dessus tout, que tous les cadeaux que vous faites à votre foyer et à vos enfants sont des dons personnels et volontaires de votre part. Ne laissez jamais l’éducation devenir une obligation rituelle ou un fardeau. Donnez volontiers, généreusement et de bon cœur. Votre sanctuaire personnel resplendira sous l’effet de cette affection que vous seule pouvez prodiguer.1
Basé sur un discours du Rabbi dans Likoutei Si’hot vol. 26, pp. 262-271 et sur la visite du Rabbi précédent à Riga en Adar 5694, publiée dans Likoutei Dibourim vol. 3 et dans Kovets Khaf Beit Chevat, pp. 7-10.

Le 27 Adar marque un triste anniversaire. Ce jour-là, en 1992, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, « le Rabbi », subit un grave accident vasculaire cérébral, qui lui ravit la faculté de parler et conduisit à la maladie dont il ne se remit jamais. C’est la date à laquelle la voix qui éduqua, inspira et encouragea des millions de Juifs et de Non-Juifs fut réduite au silence.
Comme le Rabbi nous l’a toujours enseigné, c’est vers la paracha de la semaine que nous nous tournons pour enrichir notre compréhension et notre perspective. Or, de manière tout à fait remarquable, la lecture de la Torah de cette semaine offre un message aussi clair que puissant concernant cet anniversaire, ainsi que l’état apparent d’« absence de direction » du mouvement Habad-Loubavitch.
Le tout est plus que la somme de ses parties, mais chaque élément individuel possède son importance propreCette semaine, nous avons une paracha double, composée des portions Vayakhel et Pekoudei. Le Rabbi a souligné à maintes reprises que ces deux noms véhiculent un message important. Vayakhel signifie « rassembler » et « se rassembler ». Moïse a rassemblé la nation en un kahal, une communauté. Le tout est plus que la somme de ses parties ; la communauté est une nouvelle entité qui, comme dans un mariage, est supérieure à la somme de ses membres. Chacun et chacune d’entre nous est une partie de ce grand corps qu’est le peuple juif, unifiée, mélangée et fondue avec toutes les autres.
Une fois ceci établi, nous passons à Pekoudei, « nombres » : le dénombrement et le comptage de chaque ustensile du Sanctuaire. Certes, le total est supérieur à la somme de ses parties, mais Moïse compte les ustensiles individuellement, car chaque élément individuel possède son importance propre. La même chose est vraie de la nation juive : chaque Juif est doté par le Créateur d’une personnalité dont la valeur est unique, et qui possède une importance au niveau individuel, et pas seulement comme partie de l’ensemble. Chaque Juif sert D.ieu d’une manière unique et inimitable. Aussi bien Vayakhel, la communauté, que Pekoudei, l’individu, sont des éléments absolument essentiels dans la construction d’un tabernacle où la présence de D.ieu sera manifeste.
En 1950, le Rabbi fut couronné comme septième leader du vénérable mouvement ‘Habad-Loubavitch. À ce moment, ‘Habad possédait une histoire prestigieuse, mais pas vraiment de présent, et ne paraissait pas avoir un brillant avenir devant soi. Ce mouvement glorieux, qui avait autrefois compté des centaines de milliers d’adhérents à travers l’Europe, avait été presque entièrement décimé par la Gestapo et le KGB soviétique. La « grande » synagogue Loubavitch à Brooklyn où le Rabbi priait et discourait ne pouvait pas accueillir confortablement plus de 150 personnes !
Au cours des décennies qui suivirent, le Rabbi développa ‘Habad, le faisant devenir l’un des plus grands mouvements juifs des temps modernes. Il le fit à travers « Vayakhel » : en unissant tous les Juifs en s’adressant à l’âme juive collective. Le Rabbi parlait le langage de l’âme et, dans le monde entier, des âmes entendirent son appel et affluèrent par milliers vers sa synagogue en éternelle expansion. Le Rabbi retira ensuite les couches de rouille qui les ternissait, révélant des âmes juives d’une beauté époustouflante.
Je ne répète pas là des histoires que j’ai entendues de mon père ou de mon maître, ni des contes d’une autre génération ou d’un pays lointain…Je me souviens très bien des rassemblements publics du Rabbi. Mon cœur saigne encore quand je me rappelle le sentiment de « Vayakhel » en me trouvant au milieu d’une mer de milliers de Juifs qui avaient « perdu » leurs identités individuelles, leurs egos, leurs talents, leurs désirs, etc, et se retrouvaient pris dans une atmosphère de sainteté et de pureté qui transcendait leur propre existence. Je ne répète pas là des histoires que j’ai entendues de mon père ou de mon maître, ni des contes d’une autre génération ou d’un pays lointain… J’exprime ce que mes propres yeux ont vu et ce que ma propre âme a vécu.
Aussi beau et exaltant que fût tout cela, pour que la présence divine se révèle, nous devons désormais passer en mode « Pekoudei ». Il nous appartient maintenant de prendre le message du Rabbi et, au lieu de l’utiliser pour transcender nos êtres pour devenir une partie d’un tout, laisser ce message pénétrer et transformer les forces et les capacités uniques que D.ieu nous a données. La passion et le feu du Rabbi doivent maintenant être la lumière qui fera étinceler et danser les millions de couleurs uniques du kaléidoscope de notre peuple.
De manière incroyable, le dernier discours du Rabbi fut prononcé le Chabbat Vayakhel. La semaine suivante, le Chabbat Pekoudei, la voix du Rabbi était silencieuse. Peut-être peut-on dire qu’elle peut maintenant être entendue à travers les voix de tous ses innombrables disciples et admirateurs qui vivent son message, et attendent avec impatience le moment où ils seront réunis avec lui avec la venue de Machia’h.

Notre Temple domestique
Vivre c’est se souvenir
Le deuil n’est pas vécu de la même manière par tous. Certains s’abstiennent d’évoquer leurs souvenirs d’un être cher parce que c’est trop douloureux pour eux. D’autres s’efforcent au contraire de préserver les souvenirs, parce que les perdre signifierait perdre ce que le passé leur a offert.
« Faites pour Moi un sanctuaire et Je demeurerai en vous » dit D.ieu au peuple juif. Chaque maison juive, et chaque personne juive, peut devenir un « petit sanctuaire ». Et de fait, chacun des cinq principaux composants du service du Temple a une contrepartie dans nos maisons et dans nos cœurs.
L’Arche Sainte
L’arche résidait dans le sanctuaire le plus intérieur du Temple : le Saint des Saints dont l’accès était interdit à tous sauf au grand prêtre. Il abritait les Tables de la Loi, les seuls objets physiques à avoir été directement reçus de D.ieu. Enfermées dans l’arche à l’abri des regards indiscrets, les Tables représentaient notre lien le plus intime avec D.ieu.
Dans notre temple domestique, l’arche représente l’intimité et notre saint des saints est la chambre à coucher. C’est le sanctuaire intérieur d’un mariage, un endroit auquel personne d’autre que le mari et la femme ne doit accéder. Quand ce lieu est traité avec le respect approprié, il devient le berceau de leur relation qui est le fondement sur lequel repose la famille.
Dans notre service divin, l’arche est la Torah, la sagesse et la volonté de D.ieu. Lorsque nous étudions la Torah, nous unissons notre intellect au sien dans l’union parfaite de l’esprit humain et de la pensée divine, du cœur humain et de la volonté divine. Elle est le centre de notre religion, l’âme de notre connexion.
La Ménorah
La ménorah faisait rayonner la sainteté et la lumière du Temple dans le monde entier. Sa lumière physique représentait la lumière spirituelle de la présence divine.
La ménorah faisait rayonner la sainteté du TempleLa ménorah de notre maison est le rayonnement chaleureux de l’amour dans lequel baignent la famille et son environnement. Elle est perceptible dans notre manière d’être les uns avec les autres au sein de la famille ainsi qu’avec nos voisins et nos amis. Si notre ménorah est bien allumée, tous voudront faire partie de notre cercle de lumière, et cette lumière continuera à briller à travers nos enfants.
Dans la religion, la ménorah correspond à nos bonnes actions. Si la Torah est le cœur de notre foi, nos bonnes actions en sont l’expression dans le monde. La sainteté qui nous imprègne dans l’étude de la Torah rayonne vers l’extérieur lorsque nos actions reflètent ce que nous avons appris.
L’Autel intérieur
L’autel intérieur servait à l’offrande de l’encens. Il était allumé une fois par jour, mais ses effets étaient durables. Le parfum de l’encens s’imprégnait dans les murs du Temple et, de là, dans l’âme de la nation. Il représentait le plaisir que nous prenons en D.ieu et celui que D.ieu prend en nous.
Dans notre temple domestique, l’autel intérieur est l’amour tendre qui fait de la vie quotidienne un plaisir. Cet amour n’est pas intrépide et passionné. Il est subtil et doux, mais sa présence imprègne la maison et donne le ton pour toute la famille. Ce peut être un geste d’amour ou un regard tendre échangé lors de routines qui, autrement, seraient fastidieuses. Il fait d’une relation, un mariage et d’un mariage, un délice.
Dans la religion, c’est la prière, un moment de rapprochement et de délectation. Lorsque l’on entame sa prière avec un esprit détendu et le cœur joyeux, celle-ci devient une expérience d’union merveilleuse. La prière produit un délicieux parfum spirituel qui nous accompagne toute la journée et élève tout ce que nous faisons.
L’Autel extérieur
L’autel extérieur se trouvait dans la cour. Ses flammes rugissantes s’élevaient vers les cieux, libérant des torrents d’énergie et de chaleur. C’est sur cet autel qu’étaient offerts les sacrifices, cimentant notre relation avec D.ieu.
Le mariage implique le compromis et les sacrifices,Si l’encens est le plus grand plaisir de notre mariage, les sacrifices sur l’autel extérieur en sont le creuset. Le feu effectue deux choses : il fond et il forge. La joie intérieure fait fondre le cœur, mais la flamme extérieure forge notre engagement. Le mariage implique le compromis et les sacrifices, mais le creuset de l’amour transforme le fardeau du sacrifice en un cadeau donné avec plaisir.
Dans notre service personnel, l’autel extérieur représente les sacrifices que nous faisons pour D.ieu. Sacrifier nos désirs personnels peut mener au ressentiment, à moins que nous attisions les flammes de notre amour. Quand nous contemplons la magnificence, la largesse et l’amour de D.ieu pour nous, ceux-ci éveillent notre amour envers Lui. Portés par l’amour, nous considérons nos offrandes comme un honneur et notre relation comme un privilège.
La Table des Pains de Proposition
Enfin, il y avait dans le Temple une table pour les « pains de proposition ». Douze pains étaient cuits chaque semaine et disposés sur cette table comme offrande. Chaque Chabbat, de nouveaux pains étaient placés sur la table et les anciens étaient distribués aux prêtres.
Dans notre temple domestique, la table est représentée par la cuisine et l’espace où sont pris les repas familiaux. La cuisine est le cœur de la maison où les membres de la famille se réunissent quotidiennement pour passer du temps ensemble, échanger des idées et des rires et se nourrir physiquement et émotionnellement.
Notre « table des pains de proposition » personnelle, ce sont nos repas de Chabbat et des jours de fête tels que les Séders de Pessa’h, les dîners de Chabbat et les joyeux repas dans la soukah. À la table de fête, notre service spirituel raffiné trouve son expression dans les plaisirs corporels du manger et du boire, dans la conversation plaisante et le lien familial.
Pourtant, d’un certain point de vue, ces repas constituent la forme la plus élevée du service divin. Le judaïsme ne prône pas l’ascétisme, mais nous enjoints de mettre notre plaisir physique au service d’un but supérieur. La table est l’endroit où le judaïsme prend vie, et cela est particulièrement vrai lorsque nous invitons ceux qui sont dans le besoin à partager notre célébration.