10 Juin : hommage à Violette Szabo vraie héroïne de la Seconde Guerre mondiale

10 Juin : hommage à Violette Szabo vraie héroïne de la Seconde Guerre mondiale

10 juin 2024 Daniel Pollett HISTOIRE 1

10 JUIN HOMMAGE À VIOLETTE SZABO

VRAIE HÉROÏNE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Violette Szabo

Mariée à 19 ans

Mère à 20 ans

Veuve à 21 ans

Engagée à 22 ans

Assassinée à 23 ans

La commune corrézienne de Salon-la-Tour doit son nom à un sombre et imposant donjon médiéval en très mauvais état, hissé sur une hauteur au terrain abruptement inégal et à la friche hostile. Cette vision lugubre en ce soir du Mercredi 3 Janvier 2024 semble annoncer ce que je suis venu voir. À quelques rues de là, alors que le bourg s’espace vers la campagne, se trouve une stèle commémorative. On a mis longtemps à l’ériger (en 2015, 70 ans après la mort de Violette). Elle est certes très minimaliste, mais a le mérite d’exister. Située à l’entrée d’un stade de rugby, elle fait face à une ferme dont parle Bob Maloubier dans son livre Agent secret de Churchill ¹.

Le 10 Juin 1944, Violette Szabo, membre du SOE ² comme Bob Maloubier, est en mission de liaison avec l’Armée secrète, avec Jacques Dufour, un résistant local. Tous deux sont à bord d’une Citroën Traction Avant conduite par Dufour. Ils ne savent pas que la division SS Das Reich est en mouvement, lequel passe par Salon-la-Tour, précisément sur la voir ferrée reliant Toulouse à Paris et traversant la commune par l’Est. Des SS postés en flanc-garde protègent le passage des convois ferroviaires se dirigeant vers le front de Normandie.

Pourtant les résistants FTP ³ commandés par le colonel Georges Guingouin, qui ont réceptionné le parachutage de l’équipe du SOE, le savent, puisqu’ils ont fait prisonnier le SS-Stürmbannführer ⁴ Helmuth Kämpfe ⁵ dans des conditions inattendues. Kämpfe circulait seul dans sa voiture sur une route de campagne, précédant sa colonne de chars d’environ un kilomètre. Il fut intercepté par des résistants FTP qui l’emmenèrent dans leur propre voiture, circulant en sens inverse. Kämpfe riait, car d’ici peu les résistants allaient rencontrer la colonne de chars.

Mais la voiture des FTP bifurqua opportunément sur un chemin forestier et le Stürmbannführer Kämpfe cessa de rire. Quand les chars arrivèrent à sa voiture, le moteur tournait encore. Sa disparition eut un effet particulier sur ses hommes car il était très apprécié dans la division. Les SS multiplièrent les tentatives pour le récupérer, mais ils avaient déjà trop terrorisé la population pour obtenir le moindre renseignement et les gens s’enfuyaient à leur approche. Pour se venger, ils décidèrent de massacrer la population d’Oradour-sur-Glane (le même jour que la capture de Violette). Kämpfe mourut de façon non encore élucidée.

Certains prétendent qu’il fut fusillé sur ordre du colonel Guingouin. D’autres avancent qu’il fut tué en tentant de s’évader. En fait on ne sait toujours pas, et l’abomination commise par les SS à Oradour ne facilite pas la mémoire de ceux qui savent la vérité, s’ils sont encore parmi nous. Toujours est-il que les FTP n’avaient pas averti ceux du SOE de la présence des SS à Salon-la-Tour. Omission, négligence, mauvaise communication, défaut d’organisation, oubli volontaire ? Les FTP prétendirent que c’était l’Armée secrète, opérant en Corrèze et d’où venaient les SS, qui aurait dû donner l’alerte. En fait la division SS Das Reich venait de ses cantonnements de Montauban, préfecture du Tarn-et-Garonne.

Jacques Dufour, un homme grand et combatif, dupe les sentinelles SS jusqu’au dernier moment, conduisant une Traction Avant noire et coiffé d’un béret de même couleur, comme pourrait l’être un milicien. Puis c’est la fusillade inévitable, détaillée dans le livre de Bob Maloubier. Dufour et Violette s’enfuient dans un champ de blé en pente, montant vers des pommiers et la voie ferrée. Mais c’est bientôt la saison des moissons et les blés s’écrasent sous leur passage, dessinant une cible mouvante pour la mitrailleuse des SS. Dufour est blessé mais peut continuer.

C’est alors qu’une ancienne blessure se réveille à une cheville de Violette, provoquée lors d’un entraînement parachutiste. Elle ne peut plus avancer. Dufour veut la secourir et qu’ils restent ensemble. Mais Violette ordonne qu’il se sauve pour avertir l’équipe du SOE de la présence des SS. Elle lui dit : « Je suis lieutenant de l’armée britannique, ne l’oublie pas ! C’est un ordre que je te donne ! » Alors Dufour obéit et s’enfuit en la laissant là. Il va prévenir, raconter, se justifier… Comment vivra-t-il alors ? Qui aurait fait mieux et comment ?

Violette tire tant qu’elle peut pour protéger la fuite de Dufour. Elle se rend quand elle n’a plus de munitions. Les SS ne trouvent pas Dufour et enragent. Il est caché sous des fagots promptement déversés sur lui par une amie d’enfance habitant une autre ferme. Les SS emmènent Violette à Limoges, d’où le SOE élabore un plan pour la faire évader. Mais au matin de l’opération, les SS viennent d’envoyer Violette dans un train pour l’Allemagne.

Bob Maloubier, qui a vu de loin la colonne de fumées d’Oradour, parle de Violette avec une émotion très retenue. Un agent secret garde ses secrets. Il sait bien que Violette était la veuve respectée d’un héros de la France Libre. Elle s’était engagée au SOE afin de continuer le combat dans lequel était mort son mari, le légionnaire d’origine hongroise Étienne Szabo, tué à la bataille d’el-Alamein.

Elle était mère d’une petite Tania restée en Angleterre. Plus tard, Tania recevra les décorations attribuées à sa mère, la Croix de Guerre française et la George Cross britannique. Désormais Bob Maloubier se trouve d’excellentes nouvelles raisons de ne pas hésiter à tirer. Il n’y aura pas de tombe à l’ombre d’une jolie fleur comme dans Bella Ciao. Les nazis ont fait disparaître Violette dans la nuit et le brouillard.

En ce soir froid de Janvier, je regarde la photo de Violette sur la stèle. J’observe ce terrain pentu qu’elle a gravi dans les blés du printemps. La ferme qui a vu la fusillade est toujours là, et aussi, juste en face, le chemin perpendiculaire à la route où les SS étaient postés. Là haut quelque part parmi des arbres, juste avant la voie ferrée, Violette a jeté sa mitraillette sans munitions et les nazis l’ont emportée.

Je me demande quelle femme de ces bandes braillardes prétendument féministes, révolutionnaires, écologistes, détentrices d’une vérité idéologique ou autres prendrait aujourd’hui le même engagement, donnerait un tel ordre. Je me demande lequel de ces hommes « déconstruits » chers aux gauchistes dégénérés serait capable de foncer sur des soldats en armes et de tirer au dernier moment en n’ayant quasiment aucune chance de s’en sortir. Je me demande qui parmi tous ces hésitants entre deux « genres » défendrait la patrie, la liberté, risquerait sa vie pour plus grand que soi. Qui tenterait de libérer une vraie héroïne. Qui…

Oubliées Violette Szabo, Denise Bloch, Liliane Rolf, toutes trois du SOE, rassemblées un matin de Janvier 1945 au camp de Ravensbrück pour y être assassinées d’une balle dans la nuque, sur ordre spécial venu de Berlin ⁶ .

Les idoles des ignares d’aujourd’hui sont Assa Traoré, Houria Bouteldja, Rima Hassan, Greta Thunberg, Sandrine Rousseau. On a les héroïnes que l’on peut…

Daniel Pollett

¹ Maloubier Bob, Agent secret de Churchill, Éditions Tallandier, 256 pages, Paris, 2011.

² Special Operations Executive, service secret créé par Winston Churchill.

³ Francs-Tireurs et Partisans, d’obédience communiste.

⁴ Dans la SS, grade équivalent à Commandant.

⁵ https://fr.wikipedia.org/wiki/Helmut_K%C3%A4mpfe

L’article présente une photo avantageuse d’un officier souriant que l’on pourrait trouver sympathique en ignorant qu’il était de ceux n’ayant plus d’humain que l’apparence. Il portait un nom prédestiné, en allemand Kämpfe signifie combats.

⁶ On peut visionner ou lire aussi :

https://violetteszabo.wixsite.com/vszabo/memoire

http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=46034

Zeller Guillaume : Violette Szabo, de Londres à Ravensbrück, une espionne face aux SS.

Éditions Tallandier, 304 pages, Paris 2022.

Source : RIPOSTE LAÏQUE – 10 Juin : hommage à Violette Szabo vraie héroïne de la Seconde Guerre mondiale

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