Marseille : les services de l’urbanisme infestés par les rats

souris rat ordinateur

La ville de Marseille n’est pas connue pour être un modèle de propreté. Les poubelles débordent, les trottoirs sont jonchés de déjections canines et goélands et rats se partagent, pas toujours de bon cœur, le contenu des conteneurs. Les locaux sont habitués, lorsqu’ils marchent dans la rue, la vigilance est de mise. Une fois à l’abri, derrière la porte de leur immeuble ou de leur bureau, en principe, l’attention peut être relâchée. Les nuisibles restent à l’extérieur.

Malheureusement, pour les occupants du numéro 40 de la rue Fauchier, dans le IIe arrondissement, il semblerait que ces petits rongeurs aient oublié les règles de bienséance. Depuis plusieurs mois, ils ne se contentent plus de fouiller les poubelles alentour, ils entrent dans le bâtiment qui héberge les services d’urbanisme de la ville de Marseille.

Et visiblement, contrairement à ce qui se passe dans le film Ratatouille de Disney, aucun des 550 fonctionnaires travaillant à cette adresse n’a réussi à les apprivoiser. Ils ne se cachent pas sous le chapeau d’un agent pour instruire des permis de construire, donner leur avis sur les déclarations préalables ou délivrer des certificats de conformité. Ici, rats et souris ne sont qu’ennuis.

Quand les agents ne sont pas là, les souris dansent

Chaque matin, lorsqu’ils arrivent sur place, les fonctionnaires font des découvertes peu ragoûtantes :

une souris qui a mis bas dans un tiroir,

de l’urine sur un téléphone,

des crottes sur les claviers…

Philippe Angelelli, responsable syndical élu au comité hygiène, sécurité et conditions de travail (CFTC), confie à BV : « Depuis plus d’un an et demi, je sollicite l’administration sur la présence de rats et de souris. Malgré des interventions ponctuelles, il y a toujours une multiplication de rongeurs. L’administration dit qu’il y a plus de souris que de rats et que cela ne risque rien, mais c’est faux. Cela représente une menace pour l’homme car elles sont porteuses de maladies. »

Au cœur du débat entre les fonctionnaires et la mairie, la raison de la présence de ces indésirables. Le responsable syndical indique : « On me dit que c’est de la faute des agents car ils sont sales, ils laissent leurs déchets alimentaires dans les bureaux. Avant d’accuser les agents, on devrait mettre en place des salles de convivialité. » 

Dans les bâtiments de l’urbanisme, il n’y a aucun espace réservé à la prise de repas et pas de cantine. Or, « la majorité des agents sont des personnes de catégorie C qui n’ont pas les moyens d’aller manger à l’extérieur ».

Résultat : ils déjeunent de plats préparés préalablement chez eux et jettent leurs déchets dans les poubelles de bureau. Poubelles qui ne sont vidées que le lendemain ou après le week-end à 6 heures du matin par les femmes de ménage intervenant dans les locaux. Chaque nuit, mais également le samedi et le dimanche, les bureaux deviennent donc des salles de restaurant pour rongeurs. Ils se régalent de bons petits plats faits maison et pullulent.

Les agents en ont « rat le bol » 

Plus le temps passe et plus la situation devient insupportable, pour les fonctionnaires. Le responsable syndical rapporte : « Les agents sont à cran. » Certains font des crises d’angoisse et ne veulent plus travailler en présentiel. Nombre d’employés envisagent même de faire valoir leur droit de retrait si les surmulots ne sont pas chassés du bâtiment.

Pour le moment, des solutions de fortune sont envisagées. Une cinquantaine de poubelles hermétiques devraient être installées dans les différents étages et une « repasse des femmes de ménage le vendredi à 16 heures » devrait être mise en place.

Vu l’ampleur de l’invasion, cela semble insuffisant. Philippe Angelelli souhaite « la fermeture des galeries et une dératisation totale du bâtiment ». Il sait que les huit personnes du service 3D (désinsectisation, désinfection, dératisation) de la ville sont surchargées de travail et qu’elles ne pourront pas intervenir rapidement à l’urbanisme, mais il demande à la mairie « de monter un marché en urgence pour faire intervenir un prestataire privé ».

Pour lui, « c’est une question de sécurité et de santé publique ». Il n’a pas tort, mais cela n’est pas uniquement vrai dans les locaux de l’administration. Marseille compte 1,5 à 1,7 rat par habitant et leur présence est, comme à la rue Fauchier, intimement liée à la gestion des déchets. Tant que cette ville sera un garde-manger à ciel ouvert, Marseillais et muridés devront cohabiter.

Sarah-Louise Guille

Source : BOULEVARD VOLTAIRE – Marseille : les services de l’urbanisme infestés par les rats