Le déshonneur et la guerre

S’il est des beaux jours qui annoncent des temps d’orage, le printemps 2024 en est.
Anne Hidalgo n’a rien trouvé de plus élégant à dire lors de sa visite à Kiev que « les athlètes russes et biélorusses […] ne sont pas les bienvenus à Paris », en flagrante dénégation de l’esprit originel des Jeux, ode à la paix et à la fraternité en des temps où la guerre était un état normal des choses et où tout le monde connaissait sa véritable signification.
Les Jeux entraînent une trêve olympique. Cette dernière n’arrête pas les conflits, mais autorise les athlètes et spectateurs à traverser librement des zones de guerre sans être inquiétés.

Si des tentatives de créer diverses épreuves sportives modernes à la suite du développement du sport, originellement apanage de l’aristocratie anglaise, émaillent tout le XIXe siècle, la défaite grecque de 1897 contre les Turcs et celle de 1870 de la France par la Prusse incitent les gouvernements à préparer la jeunesse à de futurs conflits en préparant les corps et forgeant les esprits, même si la volonté de Pierre de Coubertin, rénovateur moderne des Jeux en 1894, était de favoriser les interactions culturelles entre les pays et de promouvoir les valeurs éducatives et universelles de la France.
Mais les sources des Jeux restaurés trouvent aussi leur origine dans des pratiques profondément ancrées dans la culture européenne comme celle des joutes chevaleresques médiévales.

L’amateurisme du sport envisagé par l’aristocratie britannique n’avait certes rien à voir avec l’amateurisme synonyme d’impréparation des Jeux dits de Paris, mais qui se dérouleront en réalité en Seine-Saint-Denis, ancienne nécropole des rois de France désormais peuplée par des populations de remplacement sans aucun rapport avec celles que l’on voit encore idéalisées dans « Un Américain à Paris » (1951) où un vétéran de la Guerre à peine achevée décide de s’installer.
Comme le soldat de l’article de J. Sobieski et D. Moulins, il se demanderait s’il revenait pourquoi il avait fait tant de sacrifices.

Robin Dubois

Un peu comme ces parachutistes britanniques venus reconstituer le Jour J qui se voient dès leur atterrissage demander leur passeport par des douaniers français.

https://x.com/i/status/1799001667737903579
Ce n’est pas le 6 juin, c’est le 1er avril devaient se dire paras et douaniers.
Comme régulièrement, on se pince avec nos gouvernants pour savoir si c’est vrai.
La vidéo a bien fait rire des amis américains à qui je viens de la montrer.
Ceux qui ont dû avoir beaucoup moins envie de rire, ce sont toujours les Russes qui ont perdu entre 26 et 29 millions d’hommes (et de femmes), militaires et civils, lors de cette guerre, brisant la redoutable armée allemande. 80 % des forces allemandes ont été englouties sur le Front de l’Est.
C’est grâce à leur effort que le Débarquement de Normandie a pu avoir lieu.

La Russie n’a pourtant pas été invitée à ces commémorations. La vexation a été aussi volontaire que celle des Jeux olympiques.
Si l’on compare les pertes durant cette guerre, on comprend que les pertes américaines y font pâle figure, nonobstant le courage et la sincérité des hommes qui sont venu y combattre et y mourir.

Le général de Gaulle n’était pas dupe des intentions des dirigeants américains qui, en fait de Libération, préparaient juste une seconde Occupation avec leur AMGOT (Allied military government for occupied territories), considérant la France comme un pays ennemi, comme celui-ci le rapporte à Alain Peyrefitte dans « C’était De Gaulle », épisode rappelé dans l’article de Henri Dubost. Jamais il ne consentit à se rendre à ces commémorations
https://ripostelaique.com/le-d-day-aurait-pu-etre-le-prelude-a-une-seconde-occupation-de-la-france-selon-de-gaulle.html
Il dut lutter pied à pied pour placer des préfets civils dans chaque département, là où les autorités américaines tentaient d’imposer des colonels.
Un ami italien me confie qu’il y a 130 bases américaines en Italie, dont la plus grosse à l’extérieur des États-Unis. Les Italiens eux, n’ont pas coupé à l’Occupation américaine. Giorgia Meloni est prisonnière chez elle.
Grâce à De Gaulle, nous avons bénéficié d’un répit.
Mais ses successeurs, y compris les soi-disant gaullistes, ont vite trahi son esprit. C’est Nicolas Sarkozy, dit l’Américain, qui nous a fait retourner dans le commandement intégré de l’OTAN que le premier nous avait fait quitter pour sauvegarder notre indépendance.

L’OTAN, créé pour faire pièce au Pacte de Varsovie, ne s’est non seulement pas dissous après l’effondrement de l’URSS, mais contrairement à la promesse faite à Gorbatchev, s’est encore étendu jusqu’à encercler la Russie, organisant les révolutions de couleur qui mettaient en place des régimes à sa botte. C’est ce qui est arrivé en Ukraine lors de la révolution de Maïdan, dite « de la dignité » en 2014, quand le président régulièrement élu Ianoukovytch a été contraint à l’exil en Russie.
Cela a mené à la situation que nous connaissons, et les persécutions des russophones du Donbass (14.000 morts) ont contraint la Russie à intervenir.

Les accords de Minsk I et II qui étaient destinés à faire respecter un cessez-le-feu dans la région du Donbass et dont la France et le Royaume-Uni devaient être garants avaient en réalité pour objectif de gagner du temps afin de permettre au régime de Kiev de s’armer en prévision de la guerre programmée contre la Russie par l’OTAN, comme l’ont avoué Angela Merkel et François Hollande.

Ils renouvellent tragiquement la citation attribuée à Churchill « « Le gouvernement avait le choix entre la guerre et le déshonneur ; il a choisi le déshonneur et il aura la guerre. »
Il choisissent délibérément les deux.
Hegel disait :« La première fois l’Histoire se répète comme tragédie, la seconde fois comme farce. »
La farce va être sanglante. Le sang des autres.

Depuis le mois de février, Emmanuel Macron multiplie les déclarations «n’excluant pas que les pays européens envoient des «troupes au sol» en Ukraine «pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre». Certes, «il n’y a pas consensus aujourd’hui pour [les] envoyer de manière officielle, assumée et endossée», a tempéré le chef de l’État, lundi soir, à l’issue de la «Conférence de soutien à l’Ukraine» qui a réuni à Paris 27 États, dont 21 chefs de gouvernement, «mais en dynamique, rien ne doit être exclu». « En même temps »…

Dernière progression dans l’escalade de la provocation d’une réaction russe, la livraison de Mirage 2000-5 (avion largement surclassé actuellement par les Mig et Sukkhoi de 5e génération note Jacques Guillemain, colonel d’aviation de réserve).
L’exposition d’un AMX 10 (blindé léger) à Moscou dernièrement, au milieu d’autres carcasses de chars de l’OTAN, n’a pas dû être suffisante. Et encore avons nous certainement évité l’humiliation de voir un fier Leclerc calciné au milieu d’autres chars lourds Bradley ou Abrams grâce à l’opposition discrète probable de militaires français…

Sans compter l’accusation mensongère par Emmanuel Macron que Vladimir Poutine n’aurait pas respecté les accords de Minsk. Tout le monde peut facilement vérifier que c’est faux.
À quoi riment ces provocations enfantines sinon à brusquer un ours en lui tirant les moustaches, se croyant protégé par le groupe de copains dont déjà plusieurs se sont prudemment démarqués de lui comme Olaf Scholz ou Giorgia Meloni.
Quant au grand frère américain, par la bouche de John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, il a été clair : “Nous n’encourageons ni ne permettons l’utilisation d’armes fournies par les États-Unis pour frapper sur le sol russe”.

Notre va-t-en-guerre risque de se retrouver seul – et nous aussi – en cas probable de réaction russe lorsque les véritables lignes rouges auront été franchies. Poutine a été très clair là-dessus. Il dit depuis le début ne pas en vouloir au peuple français, désinformé, mais a également promis qu’il n’hésiterait pas à frapper le sol français s’il y était obligé.

Macron aime beaucoup revêtir des déguisements militaires, lui qui n’a pas fait de service militaire, mais face à des événements devenus incontrôlables, on peut craindre que son sang-froid ressemble plus à ça qu’à celui de De Gaulle :

Certains pensent qu’il pourrait chercher à causer une attaque russe sur notre territoire et créer un état de guerre prolongé afin de suspendre le processus électoral et se maintenir indéfiniment au pouvoir, possibilité prévue par l’article 7 de la Constitution mais pour des problèmes de personne (santé). Il serait nécessaire de réviser l’article 6 s’il y avait besoin de reporter l’élection selon le constitutionnaliste Didier Maus…
Macron aussi pourrait vouloir avoir recours à l’article 16 de la Constitution, qui confie les pleins pouvoirs au président de la République pour faire face à une situation de crise. Mais il faudrait que l’intégrité du territoire national soit menacée. Une usine d’armement détruite par un missile hypersonique suite à une énième provocation en serait un exemple…

Le général Michael Flynn, qui a dirigé la NSA (renseignements militaires) sous Trump, a des craintes similaires pour son pays : « Le Deep State prévoit un False Flag en Europe de l’Ouest pour rentrer en guerre avec la Russie et annuler les élections américaines de novembre. »
https://planetes360.fr/new-le-general-flynn-est-en-direct-sur-info-wars-ce-soir-il-dit-que-le-deep-state-prevoit-un-false-flag-en-europe-de-louest-pour-rentrer-en-guerre-avec-la-russie-et-annuler-les-elections-a/
Pourquoi pas un attentat « russe » pendant les Jeux Olympiques ?

Là, nous avons le déshonneur, bientôt la guerre, et en prime le ridicule voire le grotesque.

Robin Dubois

Source : RIPOSTE LAÏQUE – Le déshonneur et la guerre

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