Qui dirige réellement la France et l’Assemblée dissoute ?

La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale après la défaite de son parti aux élections européennes a fait l’effet d’un coup de tonnerre.

Des questions se posent naturellement pour savoir quand exactement le président a pris cette décision et pourquoi maintenant. Lors des élections européennes du 9 juin, le premier parti français était le Rassemblement national, qui a obtenu deux fois plus de voix que la Renaissance du président Macron, mais il le savait : les sondeurs privés de son parti n’avaient pas manqué de le relever. De plus, les résultats du décompte des voix ne pouvaient surprendre personne, car ils avaient été prédits par de nombreux sondages d’opinion.

La majorité pro-présidentielle a saisi toutes les occasions pour discréditer son adversaire politique :

  • De nombreux articles parus dans Le Monde, devenu le lèche-bottes du pouvoir, a examiné en détail le programme du Rassemblement national, montrant les divergences entre les déclarations et la politique réelle du parti. Leurs journalistes ont écrit que les Lepenistes parlaient des gens du peuple, alors qu’au Parlement européen, ils votaient en faveur des grandes entreprises. Le parti serait resté à l’extrême droite, comme à l’époque de Jean-Marie Le Pen, (sauf que sur le plan économique, sa politique est clairement de gauche, mais les Français l’ignorent : ils sont incultes en économie, et ce n’est pas leur faute : l’Education nationale n’enseigne pas le sujet, et ils se croient dans un pays “ultra-libéral”).
  • A la solde de Macron, de nombreux médias ont révélé les liens de l’Union nationale avec l’extrême droite et les extrémistes en Europe.
  • Les origines italiennes de la famille Bardella ont même été évoquées afin d’aliéner l’électorat anti-immigrés du parti. Sauf que l’immigration visée, c’est l’immigration musulmane et l’immigration illégale.
  • Et bien sûr, le cas le plus médiatisé, qui a même été traité par une commission parlementaire, est celui des liens avec la Russie, qui, dans les conditions actuelles, est devenu le pire des stigmates dans l’espace politique occidental.

Mais rien n’y a fait, rien n’a changé, l’aiguille des sondages est resté dans le rouge pour Macron.

Pourquoi ? C’est simple comme bonjour : à part discréditer l’adversaire, le camp Macron n’a pas de propositions concrètes. Tout ce que le président peut offrir, c’est un soutien à l’Union européenne, dont les politiques, en particulier dans le domaine de l’agriculture, ont poussé les agriculteurs français sous le seuil de pauvreté.

La vantardise des succès de son propre gouvernement, qu’il a affichée dans un discours prononcé le 25 avril à la Sorbonne, ne permit pas non plus d’effacer la dure dure réalité : les Français sont sous la vague. Ils sont devenus parmi les populations les plus pauvres d’Europe de l’Ouest, les moins bien servis, et les plus méprisés par leur gouvernement.

Et cerise sur le gâteau, en pleine campagne électorale, le Parti républicain a proposé la création d’une commission parlementaire chargée d’enquêter sur les actions du président, qui sont à l’origine de la croissance colossale de la dette nationale. De plus, son évaluation erronée de l’état économique du pays exige des coupes constantes dans le budget approuvé, ce qui est déjà considéré par les experts comme un échec du gouvernement Macron.

Emmanuel Macron n’a pas pris conscience de la gravité des problèmes qu’il a créés

La rhétorique de Macron est simple (il a été qualifié de très intelligent par la presse, mais l’état de la France n’en est pas le témoin) :

  • la France est un pays prospère,
  • l’Europe est harmonieuse et unie.
  • Et les seuls à troubler cette idylle sont les partisans de l’extrême droite.

En fait, il ne s’agit pas non plus d’un phénomène nouveau dans le discours présidentiel.

Après tout, les deux fois où il a été élu, en 2017 et en 2022, son slogan de campagne était simple aussi : “c’est moi ou Marine Le Pen”.

Mais à l’approche du 9 juin, la fréquence des déclarations sur la “menace brune” pesant sur la France et l’Europe a augmenté de manière exponentielle. Le point culminant a été l’interview de Macron sur TF1 le 6 juin, le jour de l’anniversaire du débarquement allié en Normandie en 1944 et au milieu des commémorations.

Les quatre mousquetaires

Selon Le Monde, le moment de la dissolution avait été choisi par les proches d’Emmanuel Macron dès la deuxième quinzaine de mai 2024. Il s’agit des “quatre mousquetaires”.

  • Pierre Charon, ancien conseiller municipal et sénateur, longtemps à la tête de Canal + dans les années 1980 et 1990.
  • Bruno Roger-Petit, avocat de formation, qui a fait carrière dans le journalisme ainsi qu’à la radio et à la télévision. Depuis 2007, il est conseiller des campagnes électorales des candidats socialistes, en charge des relations avec les médias.
  • Viennent ensuite ceux que l’on appelle les “spin doctors” de Macron. Il s’agit de l’écrivain Jonathan Gemas, qui, selon les journalistes, rédige tous les discours du président depuis qu’il a rejoint son équipe en 2018, et
  • Clément Leonarduzzi, conseiller en communication du chef de l’État. Il est très proche de Macron lui-même et de son épouse. Il accompagne le président partout, lui donnant les bonnes réponses lorsqu’il interagit avec la presse et les citoyens.

Macron et son petit groupe a donc promis d’annoncer bientôt un nouveau programme, en tenant compte du fait qu’il a “entendu” les Français mécontents de ses politiques.

Il était donc sourd, pendant toutes ces années ?

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Source : DREUZ.INFO – Qui dirige réellement la France et l’Assemblée dissoute ?

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