[PATRIMOINE] Disparition du cochâtelain de la Mothe-Chandeniers

Capture d'écran
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Le 12 mai 2024, c’est avec tristesse que le monde du patrimoine a appris la disparition de Julien Marquis, expert en patrimoine culturel, décédé des suites d’une maladie à l’âge de 42 ans. Il s’était fait connaître grâce à son association « Adopte un château » et à l’aide de la start-up Dartagnans, notamment pour le rachat et la sauvegarde du magnifique château de La Mothe-Chandeniers (Vienne).

Un château médiéval au cœur de la Vienne

Les premières mentions de la seigneurie remontent à 1404. Nommée alors la forteresse de la Motte-Bauçay, elle devint la possession de Guillaume de Chaunay, qui se fit le plaisir de la renommer Mothe-Champdenier en 1420. Le château échoit, au XVIe siècle, à la famille Rochechouart. Au XVIIe siècle, François de Rochechouart, marquis de Chandeniers, n’eut de cesse de vouloir agrandir son domaine et d’embellir son château.

Malheureusement ruiné, il est obligé de réviser ses projets et de vendre sa propriété à ses créanciers en 1665. Récupéré par le sieur de Lamoignon, seigneur de Basville, le château fut alors abandonné, à cette époque, et à nouveau vendu en 1755 au marquis de Heaufront. Ce dernier délaissa lui aussi sa propriété et provoqua la ruine du château. Racheté en 1809 par François Hennecart, ce dernier ne se découragea pas face à la tâche ardue qui l’attendait et entreprit de restaurer le château et de rendre à tout son domaine sa splendeur passée.

De la ruine à la renaissance, de la renaissance à la ruine

Ce nouveau propriétaire fit alors creuser des canaux, perça des allées immenses à travers ses terres et planta un vignoble de qualité. Hennecart, bien qu’ayant fortement remanié le château, conserva en grande partie l’édifice médiéval. Son successeur, le baron Edgard Lejeune, se lança à son tour dans de nouveau travaux, vers 1870, et donna à l’édifice un style néogothique empreint de romantisme.

Ainsi, ne gardant que les bases de l’édifice précédent, l’architecte malheureusement inconnu fut chargé des travaux, réalisant l’une des plus extraordinaires prouesses architecturales du XIXe siècle dans la Vienne. Ainsi, selon Fabrice Masson dans Châteaux, manoirs et logis de la Vienne« en empruntant ces décors au château de la Loire, il fit de la Mothe-Chandeniers un poétique condensé de l’architecture du temps de Louis XII et de François Ier, allant même jusqu’à copier l’escalier de l’aile François Ier du château de Blois. Hérissé de tourelle, de clochetons, de cheminée cantonnés de tours aux allures de gracieux donjons couronnés de créneaux de fantaisie, ses façades constellées de pinacles, de pilastres, de gâbles et de balcons, dressé, enfin, au milieu d’un bel étang alimenté par des canaux, le château de la Mothe-Chandeniers surgit d’une façon presque féerique au bord d’une route déserte. »

Un violent incendie…

Malheureusement cette vision enchanteresse fut mise à mal en 1932 lorsque le château, à la suite d’un violent incendie, fut abandonné. La nature prit alors possession des lieux et laissa pousser au milieu de l’édifice de pierres de gigantesque arbres.

Un plan de sauvegarde pour la Mothe-Chandeniers

Et c’est dans cet état que le château de la Mothe-Chandeniers attira l’œil expert de Julien Marquis. Ce dernier se lança ainsi dans un projet de rachat de la propriété en octobre 2017 avec Dartagnans, leader du financement innovant dédiée à la préservation et au développement économique du patrimoine culturel. L’objectif était clair : permettre l’achat du château par l’aide financière de nombreuses personnes qui en deviennent ainsi copropriétaires et, dans ce cas précis, co-châtelains.

C’est ainsi que 27.910 personnes, venant de pas moins de 115 pays différents, participèrent généreusement et financièrement au projet. À la suite du rachat finalisé en 2018, le site fut ensuite soumis à quelques travaux afin de sécuriser l’édifice. Ouvert au public la même année, le château a accueilli, depuis, plusieurs dizaines de milliers de visiteurs venus admirer ce bijou de notre patrimoine national.

Eric de Mascureau

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