[SANTE ET POLITIQUE] Pénurie de médecins : ce n’est que le début des problèmes

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Dans la matinale de 9 heures, sur CNews, le 5 juin, Pascal Praud poussait un coup de gueule à propos des études médicales, estimant, alors que nous manquons de médecin en France, qu’on limite le nombre de candidats aux études médicales par une sévère sélection en obligeant certains à partir faire leurs études à l’étranger, à Bucarest à Madrid, en Belgique ou au Canada, ou à faire d’abord des études d’infirmier pour pouvoir ensuite s’intégrer dans le cursus des études médicales.

La fuite des cerveaux

Par ailleurs, le député LR Yannick Neuder, qui est à l’origine d’une proposition de loi déposée fin 2023 visant à augmenter le nombre de médecins en France, organisait, le mardi 4 juin, un colloque sur la fuite des étudiants en santé vers l’étranger. En effet, chaque année, plusieurs centaines de jeunes, qui n’ont échoué que d’extrême justesse à la sélection très rigoureuse imposée par les universités françaises, quittent la France. Et la suppression du numerus clausus, qui n’a fait que repousser un peu plus loin la sélection des étudiants, n’a permis de former que 13 % d’étudiants en plus.

Actuellement, après le bac, pour accéder aux études médicales, deux voies sont possibles : le parcours spécifique accès santé, appelé PASS, ou une licence avec option accès santé appelée LAS. 37 universités proposent un cursus de médecine ; cependant, l’ensemble des universités ne proposent pas forcément ces deux parcours pour accéder à ces études. Ensuite, l’admission en médecine s’effectue selon les résultats obtenus à l’issue du PASS ou de la Las et des places disponibles en 2e année.

Pour les étudiants admis, le premier cycle, qui concerne les 2e et 3e années, correspond à des connaissances scientifiques de base, et le deuxième cycle, de la 4e à la 6e année, est orienté vers une formation médicale axée sur la pathologie et la thérapeutique, avec une formation pratique dans les hôpitaux ; le troisième cycle, enfin, ouvert après un concours, permet en fonction du classement de choisir une spécialité parmi celles que propose l’université (actuellement 13 en chirurgie et 30 en médecine).

Le nombre de places ouvertes, chaque année, varie fortement en fonction des spécialités. Ce cycle dure de 3 à 6 ans, et après avoir validé ce stage et passé sa thèse, l’étudiant obtient enfin son diplôme d’État de docteur en médecine et sa spécialité choisie. Il s’agit donc là d’un long parcours qui permet de former des praticiens aux têtes bien pleines et, espérons-le, bien faites, car hélas, tout ne s’acquiert pas à l’université et la pratique est indispensable à la mise en œuvre de toutes les données apprises.

La durée totale des études varie d’un pays à l’autre, sans pour autant altérer la qualité de l’enseignement, et tous les diplômes européens sont placés sur un pied d’égalité. Cependant, l’accès aux études médicales étant plus ou moins difficile, selon le pays choisi, cela incite parfois certains étudiants français à partir faire leurs études à l’étranger, mais encore faut-il pouvoir faire face, financièrement, à cet éloignement, et ceux qui n’ont pas la chance d’avoir une famille capable d’assurer cette dépense ne pourront pas bénéficier de cette « facilité ».

Une sélection au portefeuille ?

Même en France, pour s’assurer les meilleures chances de réussite dans le premier cycle des études, il est souvent nécessaire d’avoir recours à des écoles payantes pour « bachoter » les examens, ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Il ne faudra pas s’étonner, alors, si seulement un peu moins de 10 % des étudiants en médecine sont issus de famille d’ouvriers, de petits artisans ou petit commerçants.

Cette sélection trop rigoureuse à l’entrée et le coût que représentent les études de médecine en France ne vont sûrement pas permettre de résoudre le problème des déserts médicaux et du manque de médecin en général, avec toutes les conséquences que cela implique pour la population. Nous ne sommes qu’au début de ces problèmes qui ne devraient, hélas, que s’aggraver dans les années à venir.

Source : BOULEVARD VOLTAIRE – [SANTE ET POLITIQUE] Pénurie de médecins : ce n’est que le début des problèmes

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