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Voir Anouk Aimée dans Un homme et une femme, de Claude Lelouch, sur la plage de Deauville, et Trintignant qui l’étreint dans un tourbillon, c’est le cinéma selon moi. C’est dans un film simple comme une évidence et Anouk Aimée y est aussi légère que le vent du large. La musique de Francis Lai fait le reste…
Trintignant et Anouk seront réunis vingt ans plus tard par Lelouch : Un homme et une femme : Vingt ans déjà. Et en 2019, cette histoire de plusieurs décennies se conclura avec la mélancolie du temps qui passe dans Les Plus Belles Années d’une vie.
Anouk Aimée, c’était encore l’irrésistible Lola de Jacques Demy, où elle n’avait rien à envier à la Gilda, de Charles Vidor, interprétée par la flamboyante Rita Hayworth. La sensualité d’Anouk Aimée y est alors indiscutable lorsqu’elle incarne cette danseuse amoureuse tourbillonnante comme il s’en trouvait du temps des Romy Schneider et Françoise Dorléac. Autre temps.
On n’oubliera pas ce film faussement désinvolte et vraiment tragique, qui dit la vacuité de la vie bourgeoise, chef-d’œuvre du cinéma italien : La dolce vita, de Federico Fellini. Anouk Aimée y campe une bourgeoise pétrie d’ennui et qui cherche des sensations, notamment dans les bras des hommes, dont Marcello Mastroianni, qu’elle délaisse pour d’autres. Mais la postérité a préféré retenir l’explosive Anita Ekberg, dans sa robe noire, invitant Marcello à entrer dans la fontaine de Trevi, à Rome. Anouk Aimée retrouvera Fellini et Mastroianni dans un autre classique : Huit et demi.
En France, en Italie, aux États-Unis – voir Le rendez-vous, de Sydney Lumet, où elle subit les affres de la jalousie maladive d’un mari victime de la rumeur –, Anouk Aimée a transporté ainsi sa silhouette aérienne, son charme subtil et surtout : son élégance toute française. Et des yeux à damner tous les saints du Paradis !
Qu’elle était tristement belle aussi, en jouant le rôle d’une femme en fin de vie : Mon premier amour, d’Eli Chouraqui ! Car Anouk Aimée portait en elle ce tragique qui rend les femmes si désirables. Un tragique puisé dans son enfance cachée pendant l’Occupation, peut-être…
Anouk Aimée, qui choisit d’abord de vivre plutôt que se construire une carrière, aura aussi fréquenté de grandes figures littéraires, tel Jean Cocteau et Jacques Prévert, lequel lui avait suggéré de changer de nom : « J’ai tourné pour Carné un film avec des dialogues de Prévert qui n’a jamais été terminé. Sur ce tournage, Jacques m’a dit : “Garde Anouk, mais ajoute Aimée.” De toute manière, comme c’est Jacques Prévert qui me baptisait, il m’aurait dit de m’appeler Tartempion que j’aurais accepté tout autant. »
Anouk, en effet, tout le monde avait envie de l’aimer…
Charles Demassieux
Source : RIPOSTE LAÏQUE – Les yeux amoureux d’Anouk Aimée se sont éteints
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