« Celui qui veut la paix maintenant ne l’obtiendra jamais » : Interview du Prix Nobel d’Économie le Pr Israël Aumann, par Laly Derai

« Celui qui veut la paix maintenant ne l’obtiendra jamais » : Interview du Prix Nobel d’Économie le Pr Israël Aumann, par Laly Derai Chagall « Entre guerre et paix » __________________________________________________________

Du haut de ses 84 ans, le Pr Israël Aumann, Prix Nobel d’Économie et l’un des plus grands spécialistes au monde de la théorie des jeux, regarde la réalité avec des yeux de mathématicien. Il décortique les événements avec la même rigueur que l’analyse d’une équation. Et même lorsqu’il s’emporte sur des sujets qui lui tiennent à cœur, comme l’expulsion des Juifs de la bande de Gaza, il le fait avec un humour à la « british », plutôt calme. Hamodia l’a ren contré pour parler du conflit israélo-arabe, de la rationalité des djihadistes et de notre principal ennemi : Nous-mêmes.

Sur le tableau à l’arrière du bureau du Pr Israël Aumann, à l’Université hébraïque de Jérusalem, entre deux formules incompréhensibles de mathématiques et trois mots énigmatiques comme « ancrage », « aversion à la dépossession » et « biais de représentativité », on trouve la citation d’un autre Prix Nobel, Barak Obama : « La conviction que la paix est nécessaire est rarement suffisante pour l’obtenir ».

Cette phrase, le président américain l’a prononcée au moment où il recevait, justement, le Prix Nobel de la Paix, et pour le Pr Aumann, elle prouve que ce président que nous aimons tant détester n’est pas pire que les autres, finalement : « Obama est un type intelligent et il n’est pas pire que les autres présidents qui ont fait pression sur Israël pour qu’il procède à des concessions territoriales. Il n’aime pas trop les Juifs, c’est vrai, mais cette phrase qu’il a dite à Stockholm résume parfaitement ce que je dis à la gauche israélienne, à savoir qu’à force de crier que l’on veut la paix, on obtient souvent la guerre ».

Cette approche selon laquelle il faut être prêt à faire la guerre pour obtenir la paix, Aumann la tire directement de la théorie des jeux. Un domaine qu’il aime depuis sa plus tendre enfance, lorsque sa mère souhaitait donner un morceau de gâteau à ses deux garçons, Israël et Moché, sans que les deux frères ne se disputent à qui avait reçu la plus grande part : « Elle demandait à Moché de couper le gâteau et à moi de choisir laquelle des deux parts je voulais. Ainsi, ni mon frère, ni moi ne pouvions trouver à redire sur le partage ». Toute la théorie des jeux sur un pied.

Concernant le conflit qui s’est (momentanément) terminé il y a un peu moins d’un mois, Aumann déplore que la théorie des jeux n’ait pas plus d’influence sur les dirigeants de notre pays. « Le mot-clé est, en effet, ‘momentanément’. La guerre ne s’est pas terminée le 26 août car elle n’a pas commencée le 8 juillet. Le conflit que nous traversons dure depuis plus de cent ans, même si nos adversaires, dans ce jeu, changent à chaque fois. La Guerre des Six jours et la guerre du Liban, Plomb durci et Roc solide, l’Intifada des pierres et l’Intifada armée. Tout cela fait partie d’une seule et même guerre »…

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(Source : Europe-Israël)

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