Saint-Benin d’Azy : illustration de la paupérisation

Saint-Benin d’Azy est un gros bourg rural de la Nièvre, mais pas un trou perdu, tout de même.

La ville compte 1300 habitants, avec une petite activité industrielle et artisanale basée à l’immédiate proximité des habitations, une moyenne surface commerciale alimentaire, avec des pompes à essence, une gendarmerie, un Crédit-Agricole, une pharmacie et un certain nombre de commerces, mais surtout un collège, certes, l’un des plus petits du département rural de la Nièvre, mais un collège quand même, dont les indices sociaux et les résultats ne sont pas spécialement mauvais.

On y ajoute une école primaire à sept classes. En réalité, cette petite bourgade, comme beaucoup d’autres dans la même situation, rayonne sur les villages encore plus petits et les hameaux aux alentours, draine une population assez conséquente et curieusement, les matins des jours ouvrables il peut être assez difficile de s’y garer.

Mais, aux commandes de cette commune, Jean-Luc Gauthier, qui mène actuellement son premier mandat, depuis la dernière élection de 2020 et son équipe, ont envisagé de grands travaux. Il s’agit ni plus ni moins que de changer intégralement la physionomie de la place centrale sur laquelle donnent la plupart des commerces. Et le choix est fait de réaliser l’intégralité des travaux sur un temps finalement assez court dans l’absolu, mais qui va s’avérer très long pour les chiffres d’affaires des commerçants locaux, ceux du centre ville, les plus impactés par les tranchées, les décaissages et les poses de bordures.

Une déviation est mise en place pendant des semaines, rendant difficile voire impossible, l’accès aux commerces du centre ville en voiture, ce dont a pourtant l’habitude une clientèle majoritairement âgée. Et tout le monde va souffrir, à divers degrés, mais la municipalité va y laisser son unique café, son unique restaurant et son unique boulangerie.

L’équipe municipale aurait mal imaginé les répercussions commerciales de ces travaux, menés de front et qui ont limité de manière conséquente l’accès au petit centre ville. Effectuer les travaux par tranches, ou en totalité, l’affaire n’était certes pas aisée mais le résultat est là. Le chef lieu de canton a une nouvelle allure, mais se retrouve privé de deux types de commerces de proximité, emblématiques et socialement importants : la boulangerie et le café-restaurant. On ne peut donc plus, dans un chef lieu de canton, acheter son pain et boire un café le matin, ni venir manger entre collègues de travail.

Dans un contexte déjà de fragilisation économique dû au coût des matières premières et énergétiques, auxquels se sont ajoutés l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, le tenue de travaux sur de longues périodes aura eu raison de deux commerces indispensables et fragilisé les autres, certes à divers degrés. On est bien là dans l’illustration de la situation nationale de paupérisation, dans laquelle beaucoup de commerçants sont sur le fil, dans une situation économique tendue, dans de nombreux secteurs et le moindre avatar, dont ils se seraient relevés dans un contexte de prospérité, précipite leur chute.

Pierre Duriot

Source : RESISTANCE REPUBLICAINE – Saint-Benin d’Azy : illustration de la paupérisation

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