Un adulte sur dix a des difficultés à l’écrit, merci l’école de la République !

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Ce lundi 22 avril, l’INSEE publiait une étude sur la maîtrise de l’écrit des personnes vivant en France. Selon l’institut, dix pour cent des personnes « âgées de 18 à 64 ans éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit ». Pour en arriver à cette conclusion, l’institut de statistiques a évalué trois compétences essentielles : la lecture, l’écriture et la compréhension. Une personne est considérée en difficulté lorsqu’elle a moins de 80 % de réussite dans l’un des trois domaines.

Pour ce qui est du déchiffrage des mots, 5 % des évalués sont dans cette situation, alors qu’ils sont 9 % lorsqu’il s’agit de production écrite, et 10 % à ne pas comprendre un texte simple. Au total, cela touche 4 millions de personnes.

Le français écrit non maîtrisé

La langue française n’est pas maîtrisée par l’ensemble de la population, cela n’a rien d’étonnant, mais la proportion est relativement importante et inquiétante. D’autant plus que, parmi les personnes ayant commencé leur scolarité en France et, donc, ayant suivi les programmes de l’Éducation nationale, l’INSEE en compte 6 % en difficulté et 4 % en situation d’illettrisme (1,4 million). Faut-il comprendre que l’école de la République ne fait pas son office ?

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Un professeur de lettres interrogé par BV raconte : « En soi, les programmes de français ne sont pas mauvais. Les bases de la grammaire, de l’orthographe et de la conjugaison y sont. Le problème est qu’il n’y a pas de continuité. » Il précise : « Les élèves doivent connaître leurs leçons et sont interrogés, mais on ne leur demande jamais de les mettre en application au quotidien. Dans leurs productions écrites, ils ne perdent pas de point s’ils n’appliquent pas les règles de grammaire apprises précédemment. » Même chose pour l’orthographe et la conjugaison. « Les enseignants doivent noter sans prendre en compte les fautes », juger le fond sans considérer la forme. Dans certains cas, lorsque la langue n’est vraiment pas maîtrisée, « cela relève de l’interprétation ».

L’école fautive

Une méthode qui n’incite pas les étudiants à s’améliorer et qui les conforte dans une certaine médiocrité. Pour le professeur, c’est même pire que cela : « On leur fait croire qu’ils sont bons. » Il y a trois ans, cet enseignant était correcteur du baccalauréat. Après avoir noté les copies qui lui étaient attribuées, il a dû se rendre en commission d’harmonisation. Là, il lui a été demandé de revoir ses notes à la hausse car elles étaient en dessous de la moyenne académique.

Pour lui, cette requête est incompréhensible. Elle n’est qu’une preuve de plus qu’il y a une volonté de « nivellement par le bas ». Il explique : « Au nom de l’égalité des chances, on ne pousse pas les élèves à être plus performants ou à travailler pour combler leurs lacunes, on abaisse le niveau requis. » Résultat : « Aujourd’hui, nous avons des lycéens qui arrivent en terminale sans savoir écrire correctement, sans faute d’orthographe ou de syntaxe, et en ne sachant pas lire de manière fluide. »

N’en déplaise aux adeptes de l’égalitarisme et du pédagogisme, ce n’est pas en ayant peu d’exigences que les étudiants sont mis dans de bonnes dispositions pour l’avenir. Sur ce point, l’étude menée par l’INSEE est formelle, les difficultés à l’écrit « ont un impact sur la vie quotidienne ». Les personnes concernées entreprennent « moins de démarches administratives elles-mêmes » et ont des « difficultés à maîtriser les compétences numériques ». Dans une société où Internet occupe une place de plus en plus importante, inutile de préciser que ce n’est pas un cadeau qui est fait aux adultes de demain que d’accepter qu’ils ne maîtrisent pas la langue du pays dans lequel ils résident.

Sarah-Louise Guille

Source : BOULEVARD VOLTAIRE – Un adulte sur dix a des difficultés à l’écrit, merci l’école de la République !

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